Tortue imbriquée dans le Pacifique à Bora Bora. Photo: S. Goutenègre
Tortue verte juvénile à Bora Bora. Photo: S. Goutenègre
Tortues vertes adultes à Bora Bora. Photo: S. Goutenègre
Tortue imbriquée juvénile à Bora Bora. Photo: S. Goutenegre
Tortues vertes nouveaux-nés à Bora Bora. Photo: S. Goutenègre
Tortues vertes juvéniles dans le lagon de Bora Bora. Photo: S. Goutenègre
L'ancêtre des tortues marines, Archelon ischyros, il y a 80 millions d'années.
Les tortues marines rampent à terre. Photo: S. Goutenègre
Les tortues sécrètent l'excès de sel en pleurant. Photo: S. Goutenègre
Elles peuvent plonger à 100m de profondeur, pendant 30mn.
Photo: S. Goutenègre
(Chelonia mydas)
Photo: S. Goutenègre
- Taille : entre 80 à 130 cm
- Poids : entre 110 à 250 kg
- On doit son nom à la couleur verte de sa graisse.
- Carnivore juvénile, elle consomme poissons et crustacés.
- Herbivore, elle consomme des algues à l'âge adulte.
- Présente sur près de 140 pays.
- Consommée pour sa chair et ses oeufs.
- Statut UICN : En Danger
(Dermochelis coriacea)
- Seule espèce de la famille des Dermochélydés.
- Taille : dépassant les 2 m.
- Poids : 400 Kg.
- Elle n'a pas d'écaille mais du cuir.
- Se nourrit de méduses.
- Présente dans tous les océans.
- Plonge jusqu'à 100 m.
Statut UICN : Vulnérable
(Eretmochelys imbricata)
Photo: S. Goutenègre
- Taille : 60 à 120 cm
- Poids : 60 à 90 Kg
- Se nourrit d'éponges ce qui rend sa chair toxique.
- Présente en régions tropicales.
- Braconnée pour ses écailles.
- Statut UICN : En danger critique d'extinction.
(Caretta caretta)
Photo: S. Goutenègre
- Taille : 120 cm
- Poids : 200 Kg
- la plus commune, elle se reproduit en Méditérranée. Quelques pontes en France.
- Carnivore, elle consomme poissons, crustacés, méduses.
- Statut UICN : Vulnérable
(Lepidochelys olivacea)
Photo: S. Goutenègre
- Taille : 50 à 75 cm
- Poids : 40 à 50 Kg
- Carapace couleur olive.
- Mode de ponte massif d'individus appelé arribadas, sur les sites majeurs d'Inde, du Mexique et du Costa Rica.
- Elle est omnivore.
- Ses oeufs sont consommés et braconnés.
- Statut UICN : Vulnérable
(Lepidochelys kempii)
- La plus rare de toute et la plus petite!
- Taille : 45 à 70 cm
- Poids : 30 à 50 Kg
- Pond exclusivement dans le golf du Mexique.
- Statut UICN : En danger critique d'extinction
(Natator depressus)
- Endémique à l'Australie.
- Taille : 95 à 130 cm
- Poids : 100 à 150 Kg
- Se nourrit de concombres de mer, coquillages et méduses.
- Pond exclusivement dans le Nord de l'Australie.
- Statut UICN : Données insuffisantes
Les tortues marines ont un cycle de vie bien rodé que l'Homme n'a su percer qu'assez tardivement. Depuis les années 70 que nous les étudions, bon nombre de mystères sur ces fascinantes migratrices ont pu être découverts. Cependant, le cycle des juvéniles, les 3 premières années de leur vie au large, reste toujours une énigme.
La ponte a été la plus étudiée de par la facilité d'approche sur les plages. La technologie nous a ensuite permis de suivre les migrations de ces reptiles grâce aux balises Argos. Nous savons aujourd'hui, que certaines espèces comme la tortue verte, la tortue Luth ou la Caouanne peuvent parcourir des milliers de kilomètres, traverser des océans entiers, pour aller sur leurs sites de ponte et/ou rejoindre leur site de nourrissage. Les avancées en terme d'études génétiques nous ont permis d'en apprendre plus sur les différentes populations d'une même espèce. Et nous savons surtout qu'au final, 1 sur 1000 survit pour atteindre l'âge adulte. Le schéma ci contre parle de lui même!
Il n'est pas aisé pour un œil non averti de différencier les espèces de tortues. Dans leur milieu, avec les profondeurs les couleurs peuvent varier, les animaux en mouvement peuvent vite vous échapper. Même des plongeurs confirmés peuvent se tromper! Il y a pourtant quelques clés imparables, des particularités physiques, qui vous permettront d'identifier l'espèce que vous avez devant les yeux!
Elles ont toutes une forme, rebords et couleurs différentes. Egalement des lignes appelées carennes. Ici une tortue verte adulte et une tortue Olivâtre. On distingue bien notamment le nombre de plaques sur la carapace.
Photo: S. Goutenègre
Chaque espèce a un nombre de plaques centrales et costales sur sa carapace propre à l'espèce. Ici une tortue verte juvénile avec 5 écailles centrales et 8 costales. Photo: S. Goutenègre
Chaque espèce a une alimentation propre et un bec profilé pour cela. Ici un bec puissant de tortue Olivâtre.
Photo: S. Goutenègre
Chaque espèce a un nombre de plaques frontales propre sur la tête. De plus, chaque plaque temporale est unique à l'individu. Ce sont leurs empreintes digitales! Ici une tortue verte adulte. Photo: S. Goutenègre
Chaque espèce a un plastron de forme différente, jaune ou blanc, plus ou moins incurvé. Ici une tortue verte adulte.
Photo: S. Goutenègre
Bec et plaques céphalées différents chez la tortue imbriquée. Photo: S. Goutenègre
Tortue caouanne nouveau-née : complètement grise, nombre d'écailles différentes. Photo : S. Goutenègre
Tortue verte nouveau-née : bordure des nageoires blanches, carapace noire à marron. Photo : S. Goutenègre
La plupart du temps, nous pensons que les tortues marines mangent uniquement des méduses. C'est en parti vrai, mais toutes les espèces ne mangent pas la même chose. Elles ont un régime alimentaire bien plus varié, adapté à leurs lieux de vie. Elles sont d'ailleurs toutes morphologiquement adaptées à un certain type d'aliment avec un bec propre à chaque espèce. La plus grosse et emblématique tortue luth consomme effectivement exclusivement des méduses avec un bec et une trachée adapté à cette alimentation, comportant des espèces d'épines de façon à ce que les tentacules urticantes des méduses ne la blessent pas. D'autres espèces comme la tortue caouanne, Olivâtre, Kemp sont omnivores et mangent aussi bien du poissons que des crustacés et des mollusques, avec un énorme bec de perroquet pour casser les coquilles. La tortue imbriquée mange plusieurs variétés d'éponges ce qui rend sa chair toxique et impropre à la consommation. Son bec est pointu afin d'atteindre les éponges dans les interstices des coraux. La tortue verte change de régime alimentaire au cours de sa vie. D'abord carnivore au stade juvénile, elle devient herbivore à l'âge adulte, consommant des algues et autres herbes marines. Cette alimentation lui donnera une graisse de couleur verte, d'où lui vient son nom. Chaque espèce a donc son rôle écologique à jouer.
Photos: S. Goutenègre.
Tortue verte juvénile picorant des micro algues. Photo: S. Goutenègre
Tortue imbriquée sub adulte à Bora Bora cherchant des éponges dans les coraux. Photo: S. Goutenègre
Tortues vertes juvéniles à Bora Bora dégustants une méduse.
Photo: S. Goutenègre
Tortue verte chassant du poisson.
Photo: S. Goutenègre
Comment différencier les deux sexes? Du premier coup d’œil ce n'est pas évident, et pourtant il y a bien deux caractéristiques physiques qui différencies mâle et femelle! Tout d'abord la queue : à l'âge adulte le mâle en possède une plus longue que la femelle. Elle dépasse les nageoires arrière chez le mâle. Il y a ensuite les griffes : Les tortues possèdent une ou deux paires de griffes (en fonction de l'espèce) sur les nageoires avant. Le mâle en possède des incurvées et plus longues que la femelle afin de pouvoir agripper cette dernière pendant l'accouplement en mer. Pour finir, les mâles de certaines espèces, comme la tortue verte, peuvent être légèrement plus petits que la femelle.
La queue du mâle est plus longue que la femelle. Elle renferme le pénis. Photo: S. Goutenègre
Tortue verte femelle. On ne distingue quasiment pas la queue.
Photo: S. Goutenegre
Queue plus courte chez la femelle. Ici une tortue verte. Photo: S. Goutenègre
2 griffes sur les nageoires avant, ici une tortue imbriquée. Le mâle en a des plus grandes. Photo: S. Goutenègre
La maturité sexuelle est atteinte très tardivement chez les tortues, entre 15 et 30 ans pour certaines. L'accouplement fait suite à une longue migration où de grands rassemblements de tortues se retrouvent au large des sites de pontes. Plusieurs mâles vont alors harceler une femelle pour tenter de s'agripper à elle à l'aide de leurs griffes sur les nageoires avant. L'acte est assez périlleux pour la femelle car elle doit remonter en surface pour respirer avec son prétendant de plus de 100 kg sur le dos! Plusieurs mâles peuvent féconder une même femelle, permettant un brassage génétique. La femelle est capable de stocker le sperme des mâles plusieurs années pour "s'auto féconder". La femelle monte sur la plage pour pondre, souvent à l'endroit où elle est née, de nuit pour éviter les brûlures du soleil et les prédateurs. Le cycle de ponte est en général tous les 15 jours chez la tortue verte et jusqu'à 14 fois dans une même saison. Elle remonte la plage en lisière de végétation afin de trouver un endroit sous couvert de celle-ci. Elle peut passer plusieurs heures à ramper et tenter de creuser plusieurs nids avant de trouver le bon endroit. A l'aide de ses nageoires arrière, elle creuse un puits d'au moins 80 cm de profondeur pour y pondre entre 80 à 100 œufs, qu'elle recouvrira et tassera soigneusement. Cette opération peut prendre de 40 mn à 1h30. Tout le processus de ponte, de la montée au retour à l'océan, peut prendre jusqu'à 4 heures aux tortues. Elle peut rester une nuit entière sur la plage et ne regagner l'eau qu'au petit matin. Ensuite elle repartira dans l'océan pour revenir à cet endroit 15 jours plus tard, pour pondre de nouveau 80 à 100 œufs. En moyenne, une femelle se reproduit environs tous les 2 ans. Les tortues marines n'ont aucun instinct maternel et ne s'occupent pas de leurs progénitures à l'éclosion. Elles seront déjà reparties bien loin pour se nourrir, laissant les nouveaux-nés à leur sort!
L'incubation dure en moyenne 2 mois. Les bébés vont naître au fond du nid et mettront jusqu'à 2 jours pour remonter à la surface, attendant le moment le plus frais, la nuit, pour atteindre l'océan.
Quant aux mâles, ils ne montent pas à terre, ils retourneront sur leurs sites d'alimentation à la fin de la saison de reproduction. En revanche, chez la tortue verte, hors période de reproduction, on peut voir les deux sexes s'échouer sur les plages pour se réchauffer, comme observé à Hawaï.
Photos/ vidéos: S. Goutenegre. Pontes de tortue verte et nouveaux nés en Polynésie Française.
Les reptiles sont réputés pour être des animaux à sang froid... pas exactement. Ils n'ont pas un sang froid à proprement parler. Ils peuvent réguler leur température corporelle en se chauffant au soleil. Il en va de même pour les tortues marines. C'est bien pour cela que la majeure partie des espèces vivent en eaux tropicales ou sub-tropicales. Dans des eaux trop fraîches elles risquent l'hypothermie. On retrouve souvent des tortues marines échouées et affaiblies sur la façade Atlantique de nos côtes. Les tortues Luth ou les tortues caouanne, portées par le Gulf Stream, se retrouvent dans nos eaux fraîches et peuvent en mourir. A contrario, lors des montées sur les plages pour la ponte, une trop longue exposition au soleil risque de les tuer. Elles privilégient donc la nuit pour pondre.
Photos (S. Goutenègre): Tortues verte adultes en Polynésie.
Toujours une histoire de chaleur...
Chez les tortues marines, comme chez d'autres reptiles, la détermination du sexe n'est pas programmée à l'avance. Elle intervient pendant l'incubation grâce aux températures du nid! En effet, il existe une température pivot de 29° C qui va déterminer le sexe. Plus il fait chaud, plus cela produira de femelles, plus il fait frais, plus il y aura de mâles. La température dans la chambre d'incubation n'est pas la même à toutes les profondeurs, cela réparti ainsi l'équilibre des sexes.
Il faut savoir que l’œuf n'a pas une coquille mais une membrane souple qui permet un échange gazeux avec l'embryon.
D'où l'importance pour les femelles de trouver souvent de la végétation pour protéger les nids des fortes chaleurs. L'hygrométrie a aussi son importance pendant l'incubation.
A l'heure du réchauffement climatique, ces bouleversements météorologiques ont un impact direct sur les populations de tortues marines.
Photos: S. Goutenègre. Oeufs et bébés tortues verte à Bora Bora.
L'incubation n'est pas de tout repos et les embryons ne sont pas à l'abri des prédateurs, bien avant leurs naissances. Aussitôt les femelles reparties vers l'océan, les œufs sont déjà convoités par des cochons sauvages, des chiens, les oiseaux, des varans, des jaguars et les hommes qui vont piller les nids. Sur certaines plages sur-fréquentées par les tortues, comme l'Olivâtre, certaines femelles en creusant leur nid détruisent ceux pondus par leurs congénères...
Au bout de 2 mois d'incubation et un taux variable d'éclosion (entre 30% pour la luth et 90% pour l'Olivâtre), les nouveaux-nés vont naître au même moment, afin de pouvoir monter à la surface par phénomène de poussée, ce qui peut leur prendre jusqu'à deux jours pour atteindre la surface! Pendant l'incubation, va s'opérer un échange gazeux entre le sable et l'embryon. A leur naissance, les bébés tortues vont s'imprégner chimiquement de la texture du sable et "photographier" la plage afin de pouvoir y venir s'y reproduire à leur tour... jusqu'à 30 ans plus tard ! Elles privilégieront la nuit pour des températures plus clémentes et ainsi éviter les prédateurs. A leurs sorties, un nombre incalculables de prédateurs terrestres, ailés et marins les attendent... Oiseaux marins, crabes, varans, chiens errants.. Une fois l'eau atteinte, c'est au tour des plus gros poissons comme les thons, carangues, barracudas et autres requins qui s'invitent au festin. Au final, 1 sur 1000 atteindra l'âge adulte. Le phénomène de ponte en masse répond à ces pertes, la nature est bien faite! Les bébés tortues se dirigent droit vers la ligne d'horizon, attirés par les reflets de la Lune. Une fois l'océan atteint, les survivants vont entamer ce que l'on appelle une nage frénétique et nageront sans cesse vers le large pendant 24 heures. Les premiers jours, les petites tortues ne se nourrissent pas car elles ont des réserves avec leur sac vitellin, leur fente ombilical n'étant pas tout à fait refermée. Légère comme une plume, elles sont incapables de plonger, elles flottent et continuent donc d'être des proies!
La pollution lumineuse peut être un réel problème pour les petites tortues qui pensent suivre le reflet de la lune sur la mer. Elles vont plutôt aller vers la source lumineuse qui les désoriente...
Lors de vos voyages, si vous devez assister à des pontes ou des naissances de tortues, utilisez une lampe frontale à lumière rouge, les animaux y sont moins sensibles. Abstenez-vous d'utiliser des flashs et lampes surpuissantes...
S'en suivront des années d'errance au large, souvent à l'abri de débris flottants ou d'algues. Il n'est pas rare de trouver des bébés tortues caouanne flotter dans des tapis de Sargasses. Nous n'avons que très peu d'information sur la biologie des juvéniles, on appelle cela les années perdues. Elles referont leur apparition vers l'âge de trois ans, le longs des côtes ou des récifs coralliens.
Pendant la phase d'éclosion et de remontée, un échange gazeux s'opère entre le sable et le bébé. Ce dernier va enregistrer ces informations chimiques afin de revenir sur cette plage 15 à 30 ans plus tard! Photo: S. Goutenègre
Les premières petites tortues commencent à atteindre la surface. On voit ici toutes les autres en dessous qui attendent pour sortir. Photo: S. Goutenègre
A la naissance, les bébés tortues ont sur la pointe du nez un "diamant" pour percer l'oeuf. Il disparaîtra quelques jours plus tard. Photo: S. Goutenègre
Commence alors la course vers l'océan... Malgré leur aspect fragile, elles sont plutôt robustes! Photo: S. Goutenègre
Naissances de tortues caouannes en Autralie. Photo: S. Goutenègre
A la naissance la carapace du bébé est molle, ici une tortue caouanne en Australie. Photo: S. Goutenègre
A la naissance, les tortues vertes sont noires. Bébé tortue à Bora Bora. Photo: S. Goutenègre
Membranes vides d'un nid de tortue verte à Bora Bora. L'étude des nids est importante, tout comme la collecte de données ADN. Photo: S. Goutenègre
Bébé tortue verte en surface. Photo: J. Rimbod
Les frégates sont de redoutables prédatrices de tortues!
Photo: S. Goutenègre
Banc de carangues qui attendent les petites tortues.
Photo: S. Goutenègre
Requin gris en Polynésie française, un des prédateurs des tortues marines. Photo: S. Goutenègre
Les tortues marines sont des reptiles, elles ont des poumons. Elles sont capables de rester plus de 30 mn en apnée et plonger à près de 100 m de profondeur, la championne toute catégorie étant la tortue luth. La nuit, elles ne montent pas à terre pour dormir! Elles ont leur cavité ou corail favoris où elles se calent pour dormir. En dormant, elles ralentissent leur métabolisme ce qui leur permet de remonter moins souvent pendant leur sommeil à la surface. Elles peuvent dormir plus d'une heure sans remonter à la surface. Leur plastron (ventre) est souple, ce qui permet notamment de compenser la pression sous marine. Leur sang plus froid que les mammifères demande moins d'oxygène. Ainsi en apnée, pendant leur sommeil, les organes vitaux sont prioritairement "oxygénés". La vessie natatoire joue notamment un rôle important pour maîtriser la flottabilité/plongée.
Tortue verte juvénile au repos calée dans un corail.
Photo: S. Goutenègre
Remonté en surface d'une tortue imbriquée à Bora Bora.
Photo: S. Goutenègre
Plastron souple et incurvé de la tortue imbriquée qui palie à la pression sous marine.
Photo: S. Goutenègre
Repos d'une tortue verte adulte accompagnée d'une juvénile. On distingue bien la différence de taille! Photo: S. Goutenègre
Les tortues marines sont présentes dans quasi tous les océans. Leur anatomie a évolué au Crétacé pour en faire des animaux taillés pour le large et les longues distances. Leurs nageoires puissantes leurs permettent d'atteindre des pointes de vitesse jusqu'à 35 Km/h. Suite à des suivis satellites effectués ces 20 dernières années, nous savons aujourd'hui qu'elles peuvent traverser des océans entiers, pour rejoindre leurs aires de reproduction ou de nourrissage. Voici l'exemple de la tortue verte que nous étudions depuis des années en Polynésie Française.
Nous prendrons ici l'exemple de la tortue verte que nous étudions depuis 2005 en Polynésie française, qui est une grande migratrice. Il en est de même pour d'autres espèces qui parcourent des milliers de kilomètres et traversent les océans : La Luth qui pond et se reproduit en Guyane française traverse tout l'Atlantique à l'aide du golf Stream pour se retrouver parfois sur nos côtes Atlantiques pour y manger des méduses. Quant à la tortue Caouanne, on sait qu'elle traverse tout le pacifique Nord, du Japon aux côtes californiennes. De sacrées voyageuses!
Les tortues marines étant programmées pour revenir pondre là où elles sont nées, sont inexorablement conduites par les champs magnétiques et les courants marins qui les guident. En effet, elles ont un genre de compas dans le cerveau qui leur fait garder un cap. Elles peuvent se diriger aux étoiles ou à la lune et migrent souvent en groupe. Les tortues adultes sont capables de stocker de la graisse et ne mangent quasiment pas lors de leurs migrations.
L'exemple de la tortue verte dans le Pacifique Sud est typique. A l'âge adulte, cette espèce qui naît en Polynésie devient herbivore. La Polynésie n'offre malheureusement pas de ressources en algues ce qui commande aux tortues de migrer pour trouver leur nourriture. Ce n'est pas une quête hasardeuse mais bien une programmation qui va les conduire à des milliers de kilomètres de là pour se nourrir. Nous avons suivi et étudier les parcours de 5 tortues vertes mâles et femelles en 2006 qui nous ont appris le parcours migratoire dans le Pacifique Sud et les distances parcourues par ces reptiles. Le président de l'association, Sébastien Goutenègre, a participé à cette opération et équipé de balises Argos 5 tortues vertes adultes et 1 tortue Olivâtre sub adulte sous l'égide de la Diren Polynésie, une équipe américaine de l'agence NOAA mené par M. George Balazs et M. Lui Bell des Samoas, dans le cadre du Programme Régional Océanien de l'Environnement (PROE). Relâché au large de Bora Bora en novembre 2006, un des mâles a été suivi pendant près de 5 mois à travers différents états du Pacifique Sud, pour atteindre son aire de nourrissage en Nouvelle Calédonie, soit à près de 5 000 km de Bora Bora. D'autres tortues ont été stoppées (on suppose tuées) aux Fidji qui est à 3 000 km de leur point de départ. Sur la carte ci-dessous, on constate bien la ligne migratrice qui ne dévie pas, ce qui confirme l'utilisation de champs magnétiques. Chaque point correspond au relevé satellite lorsque la tortue remonte en surface pour respirer. Ces données furent une découverte qui ont eu pour but de fédérer les Etats qu'elles traversent, afin de coordonner une meilleure gestion de leur conservation. Il faut savoir que culturellement parlant, tous les peuples du Pacifique Sud consomment de la tortue. C'est dire qu'elles ont bien des obstacles à franchir avant de venir pondre et les mêmes pour repartir se nourrir! Il reste donc beaucoup à faire en matière d'éducation des populations pour la préservation de ces espèces migratrices.
Les tortues passent l'année sur leurs aires de nourrissage pour refaire leur stock de graisse. Les femelles entament cette migration tous les deux ans.
Photos (S. Goutenègre): Pose de balise Argos sur une tortue verte adulte en 2006, à Bora Bora.
Suivi satellite d'une jeune tortue Olivâtre à Bora Bora en 2006. Photo: S. Goutenègre
Collaboration regionale avec 3 équipes : polynésienne, samaoane et Hawaienne. Avec entre autres les experts, George Balazs (USA) et Lui Bell (Samoa).
Mission d'éducation auprès de la jeunesse polynésienne qui découvre ces énormes tortues.
Sébastien, Président de l'association, prépare la carapace des tortues pour la pose des balises.
La pose de balise est une opération assez longue. Fixée au silicone et à la résine, la batterie peut tenir plusieurs mois. Elle se détachera sans causer de dommage à l'animal.
Une jeune tortue Olivâtre, rare en Polynésie, fut également équipée d'une balise. Les Olivâtre ont une vie hauturière, sans migration précise.
Prélèvement de tissus pour des banques de données génétiques de tortues marines.
Baguées et équipées de balises, 5 tortues verte et 1 Olivâtre furent relâchées au large de Bora Bora en novembre 2006. Photo: S. Goutenègre
A des fins de conservation et de suivi des populations, il est nécessaire de marquer et d'identifier les tortues marines. En effet, ces grandes migratrices voyagent dans tous les océans et peuvent être baguées en Guyane française, par exemple pour la tortue Luth, et retrouver le même individu décédé 15 ans plus tard en Afrique de l'Ouest ou en France. Cela permet d'étudier les parcours et de suivre un individu tout au long de sa vie. Il existe majoritairement deux moyens de marquer et d'identifier les tortues :
- Par bague métallique fermée (en titane ou inox), fixée avec une pince spécifique. Il existe plusieurs protocoles en fonction de la zone géographique (dans le Pacifique Sud les tortues sont baguées sur la nageoire avant droite pour les juvéniles, et sur les deux nageoires avant pour les adultes). L'inconvénients de ce marquage est que l'animal pourra perdre sa bague au cours de sa vie. En effet, les tortues vivant sur les récifs coralliens peuvent s'arracher les bagues en explorant ou en dormant dans les récifs.
- Par puce électronique (PIT tag). Cette méthode permet un marquage permanent car l'animal ne pourra pas perdre la puce au cours de sa vie. La puce électronique doit pouvoir se lire facilement par un lecteur de puce (si elle est placée dans le cou, elle peut glisser sous la carapace et sera donc indétectable...). Dans le Pacifique Sud, le protocole est d'introduire la puce dans le haut de la nageoire arrière. La puce qui comporte un numéro d'identification unique est rentrée dans une base de données avec les mesures biométriques de l'animal, accessible aux autres biologistes et aux autorités en charge des programmes de conservation. Elle est introduite sous cutanée à l'aide d'un "pistolet", opération sans douleur pour l'animal.
Photos (S. Goutenègre): Pose de bagues métalliques et puces électroniques sur des tortues par Sébastien Goutenègre en Polynésie.
Afin de permettre un suivi de croissance et une bonne santé générale de l'animal, il est possible de prendre plusieurs mesures biométriques afin de les transmettre aux autorités en charge des plans de conservation. Mesures de la carapace, pesée, état de l'engraissement, vérification du plastron, état générale, marquage et identification. Ces examens sont pratiqués uniquement par des professionnels, les tortues marines étant vectrices de zoonoses. Les tortues marines, notamment les tortues vertes, peuvent développer un virus souvent incurable, la Fibropapilomatose. Fréquemment observée sur l'archipel d'Hawaï, les tortues développent des tumeurs sur tout le corps et dans les muqueuses. Ces données sont enregistrées dans des bases de données, avec leur numéro de bague ou de puce électronique, afin que d'autres biologistes puissent les consulter si elles sont retrouvées à des milliers de kilomètres. Si vous trouvez une tortue échouée morte ou vivante, ne la touchez pas! Contactez la Mairie de la commune, ou la gendarmerie, ou le centre de soin le plus proche. En Métropole, sur la façade Atlantique, plusieurs centres prennent en charge les tortues en détresses, comme le centre de soin de l'aquarium de La Rochelle ou l'aquarium de Biarritz. En Méditerranée, le Cestmed, au Grau-Du-Roi ou le centre du musée océanographique de Monaco.
Vérification du comportement et notamment sa flotaison. Sauf pour respirer, une tortue ne doit pas flotter! Ici une tortue verte juvénile à Bora Bora. Photo: S. Goutenègre
Un rapide examen de l'oeil nous indique, par son réflexe, l'état général de l'animal. Ici une verte.
Mesure de la largeur de la carapace (CCW) sur une tortue verte adulte. Ici à Bora Bora avec Sébastien Goutenègre, président de l'association.
Mesure de la longueur de carapace (CCL) et pesée d'une tortue verte juvénile.
Vérification de l'état du plastron. Ici cette femelle tortue verte nous indique par son plastron qu'elle a récemment pondu. Pour pondre, elle doit se hisser sur la barrière de corail qui lui laisse des traces.
La tortue est identifiée en lui insérant une puce électronique.
Prélèvement d'un échantillon de peau pour des analyses génétiques.
Relâcher dans l'océan d'une tortue verte juvénile à Bora Bora par Sébastien Goutenègre.
Les 7 espèces de tortues marines sont toutes menacées par l'activité humaine. Les menaces sont nombreuses sur ces reptiles. Nous contribuons à leur déclin par l'urbanisation du littoral, la pollution plastique des océans et des plages, le braconnage pour la consommation de leur chair ou pour l'utilisation de leurs écailles, les prises accidentelles dans les filets de pêche, et le réchauffement climatique qui influe sur le sexe des tortues.
TRAVAILLER ENSEMBLE
L'explosion démographique humaine et le développement du tourisme de masse ces 30 dernières années ont considérablement modifiés les littoraux. Une tortue née il y a 30 ans ne reconnaîtrait sûrement pas sa plage aujourd'hui. Le bétonnage des côtes et la pollution lumineuse favorisent la disparition des tortues marines. Les tortues revenants pondre là où elles sont nées se retrouvent alors sans site de ponte, une région se dépeuple ainsi de sa faune.
L'explosion de l'utilisation du plastique sous toutes ses formes depuis les années 70 contribue au déclin des espèces marines et aviaires par l'ingestion de sacs, bouchons et autres micro plastiques. Les plages ne sont pas indemnes de cette pollution : des cordes, des pneus, qui peuvent prendre au piège des tortues adultes ou des bébés. Même sur les îles les plus reculées de la planète l'on retrouve une pollution plastique. Les marées noires n'épargnent pas les tortues.
Les filets dérivants et autres pêches accidentelles sont la cause de milliers de décès de tortues sur la planète. L'ingestion d'hameçons cause de gros dégâts également. Ces 20 dernières années, des efforts ont été fait dans les pêcheries pour éviter ces captures. Les tortues marines payent un lourd tribu pour satisfaire notre consommation de poissons et de crevettes.
Le braconnage reste un fléau pour les tortues marines. Elles sont convoitées un peu partout pour leur chair, leurs œufs, ou leurs écailles utilisées comme matière première pour la confection de divers objets (peigne, lunette), leur cuir est également utilisé. Malgré leur protection, certaines populations de tortues marines sont décimées par le braconnage sous couvert de tradition coutumière.
Photos: S. Goutenègre
Dans plusieurs pays, les tortues marines ont de tout temps fait partie de la culture. On en consomme la chair ou les œufs pour différentes raisons. Ces dernières furent au bord de l'extinction dans plusieurs régions ce qui a obligé les autorités et la CITES dans les années 70 à réglementer ces pratiques. Cette demande de tortues a poussé au braconnage souvent incontrôlé... Nous prendrons ici l'exemple de la Polynésie, Territoire français, et la consommation de chair de tortue verte. Nous avons une expérience de 10 ans sur la lutte contre le braconnage dans cette région.
Pour bien comprendre la problématique du braconnage en Polynésie, il faut d'abord connaître le lien fort qui lie les polynésiens à la tortue. Depuis la nuit des temps, la tortue marine est un animal sacré et fait partie de la culture polynésienne. Elle est d'ailleurs l'emblème royale à Bora Bora. Elles sont représentées un peu partout dans l'artisanat : le tatouage, la sculpture sur bois ou sur nacre, les pétroglyphes... Autrefois, les hauts dignitaires avaient le privilège de manger ce met sacré afin de s'approprier le mana de l'animal, son pouvoir spirituel. Ce met réservé à l'élite royale était tabu (mot polynésien signifiant interdit) pour le reste de la population. Cette pratique était à l'époque sans grande conséquence pour les populations de tortues car les prélèvements étaient anecdotiques et limités. Cette tradition ancestrale s'est interrompue à l'arrivée des missionnaires et fut interdite, tout comme la pratique de la langue polynésienne, les tatouages et la danse. La disparition successive des différents chefs et de la famille royale Pomare a eu pour conséquence de "démocratiser" cette pratique et ce tabu fut levé par revendication identitaire et culturelle par la plus large population. Depuis les années 90, les polynésiens se sont réappropriés leur culture riche et variée, proche de la nature, remettant au goût du jour la pratique de la danse, du tatouage mais aussi la consommation de chair de tortue. Cependant, dans cette revendication identitaire, les tortues font depuis les années 90 l'objet de trafic à des fins mercantiles et non dans le respect des traditions. La différence avec le temps des Rois, est qu'elles sont largement menacées d'extinction car braconnées à n'importe quel moment de l'année, sans distinction de taille. Ce qui reste problématique pour la survie de ces espèces. En effet, une tortue verte atteint sa maturité sexuelle pas avant l'âge de 25 à 30 ans, sachant que 1 bébé sur 1000 survit... nous leur laissons peu de chance! Elles sont totalement protégées au niveau internationale par la Convention de Washington, et donc en Polynésie française également. Doit on sacrifier une espèce pour une question identitaire? Quel héritage et quel patrimoine naturel les polynésiens veulent ils laisser aux prochaines générations? A cette allure, si il n'y a pas une prise de conscience globale de la population, nous risquons de ne plus voir de tortues dans nos lagons. Certaines adultes ont déjà disparues de quelques îles comme à Bora Bora.
Photos : Tortues verte adultes issues du braconnage à Bora Bora. Ici Sébastien Goutenègre, président de l'association, soigne une tortue adulte harponnée à la nageoire et prend des mesures biométriques.
Le braconnage est difficilement quantifiable en Polynésie de par la superficie du Territoire. Cependant, l'on sait que ce braconnage se concentre principalement sur les Iles-Sous-Le-Vent dans l'archipel de la Société, où se trouve la plus forte demande en chair de tortue. Les adultes des deux sexes sont braconnés majoritairement sur les sites de pontes des atolls de Scilly (pourtant classé comme réserve) et l'atoll de Mopelia. La méthode de braconnage la plus répandue est dite "à la bouée". Les animaux sont harponnés en mer, à la nageoire avant, lorsqu'ils remontent en surface pour respirer. Le harpon est relié à une bouée qui empêche la tortue de plonger. Elle est hissée sur l'embarcation, ligotée puis maintenue sur le dos (ce qui n'est pas une position des plus confortables). Elles ne sont pas tuées tout de suite et peuvent rester sur le dos des jours entiers. Elles seront tuées au moment de les consommer ou découpées et conditionnées en sachets pour la revente. Le problème majeur est que les femelles sont capturées avant qu'elles ne puissent pondre, ce qui réduit à néant leur chance de reproduction et à terme sacrifier une génération de tortues. Les autorités en charge de la protection des espèces protégées et de la réglementation sont le service des douanes et les brigades de gendarmeries sur les îles. Ces derniers manquent de moyens pour couvrir ce territoire. Au niveau des administrations, la Diren du gouvernement polynésien a mis en place dans les années 90 un programme de conservation des tortues marines et s’efforce de prendre des mesures afin que la population polynésienne prenne conscience de l'enjeu. C'est un sujet toujours très épineux et sensible qui est loin d'être résolu... L'éducation et la sensibilisation des jeunes générations semble porter ses fruits, ce qui est encourageant pour l'avenir des tortues marines en Polynésie et plus largement dans le Pacifique Sud.
Reportage dans un numéro de Thalassa de 2012 sur le braconnage de tortue en Polynésie. Les tortues capturées sont des juvéniles, loin d'avoir atteint leur taille adulte. Ce reportage illustre bien le complexe dilemme entre la tradition et la protection des espèces menacées.
Tortues vertes adultes braconnées mais vivantes à Bora Bora. Photo: S. Goutenègre
Tortues verte adultes braconnées, confisquées par le service des douanes à Bora Bora. Ces tortues furent soignées puis relâchées. Photo: S. Goutenègre
Dommages causés sur la carapace lors du braconnage. Photo: S. Goutenègre
Les tortues sont ligotées en étant "curicifées" puis immobilisées sur le dos. Photo: S. Goutenègre
Blessure profonde causé par un harpon sur la nageoire avant. On apercoit clairement l'os... Photo: S. Goutenègre
Tortue confisquée par la brigade de gendarmerie de Bora Bora et confiée à Sébastien.
Confiscation de 110 kg de chair de tortue verte par les services des douanes à Papeete. Photo: Services des douanes.
Membres et chair de tortue verte confisqués par les services des douanes à Papeete. Photo: Services des douanes
Les adultes se faisant plus rares, les juvéniles sont de plus en plus capturées. Photo: S. Goutenègre
Oeufs de tortues verte femelles braconnées et décédées. Photo : S. Goutenègre
Tortue verte adulte décapitée dans le lagon de Bora Bora. Photo: S. Goutenègre
Nageoire arrière de tortue verte braconnée dans le lagon de Bora Bora. Photo: S. Goutenègre
Il est parfois difficile d'endiguer le braconnage. Cependant, il peut y avoir une solution pour palier à la perte des femelles. Faire incuber les œufs issus de femelles braconnées décédées. Cette action permet de donner une chance d'incuber à ces œufs qui, sans cela, auraient été perdus. Ainsi, cette action fait perdurer les naissances de tortues qui reviendront sur ces mêmes sites de ponte. Une façon de repeupler les sites d'ici à 30 ans.
Le braconnage intensif des tortues pour leur chair, menace gravement certaines espèces, comme la tortue verte. Une des solutions en réponse à ce braconnage pourrait être de faire incuber des œufs issus de femelles tuées. Cette action de conservation fut instaurée en Polynésie au centre du Méridien Bora Bora et mise en application par Sébastien Goutenègre, président de l'association, entre 2006 et 2011, suite aux nombreuses femelles braconnées sur l'île de Bora Bora. La population ayant pris conscience du problème, ramena spontanément des œufs prélevés dans le corps de femelles braconnées qui étaient sur le point de pondre. L'idée est toute simple, faire incuber ces œufs pour que la femelle ne soit pas morte en vain et faire naître d'autres générations de tortues. En effet, les femelles venant pondre à intervalle de 15 jours sur leur site de ponte, ont toujours en réserve des œufs fécondés dans leur oviducte. Il faut alors faire vite, car c'est une course contre la montre pour éviter de perdre les œufs, trop longtemps exposés à l'air libre.
L'opération consiste à recréer un nid de tortue, in situ, avec les mêmes caractéristiques environnementales. Après deux mois d'incubation (naturelle, sans contrôle de la température), on constate entre 30 % à 60 % de succès à l'éclosion. Le but étant de démarrer l'élevage de ces bébés jusqu'au stade juvénile (2 à 3 ans) pour leur donner une meilleure chance de survie, avant de les relâcher. EN AUCUN CAS IL N'EST QUESTION DE DÉPLACER DES NIDS!
Photos (S. Goutenègre): Reconstitutions de nids avec des œufs issus de femelles décédées.
Oeufs issus de femelles braconnées et décédées qui seront incubés in situ. Photo: S. Goutenègre
Sébastien reconstitue un nid avec des oeufs issus de femelles dédécées à Bora Bora.
Les oeufs sont enfouis avec le plus grand soin dans un puits reconstitué. Photo : S. Goutenègre
Les oeufs sont répartis pour faire des nids équilibrés, entre 80 à 100 oeufs. Photo : S. Goutenègre
Tortues verte braconnées à Bora Bora. Photo : S. Goutenègre
Lorsque les oeufs sont receptionnés, une course contre la montre s'engage pour les enfouir au plus vite.
Différents nids reconstitués avec des oeufs issus du braconnage. Photo : S. Goutenègre
Après 2 mois d'incubation, 30 à 60% des nids vont éclore donnant une chance de naître à ces petites tortues. Photo : S. Goutenègre
Ce fameux réchauffement climatique en cours a déjà des conséquences sur les populations de tortues marines et les menace directement. En effet, l'augmentation des cyclones, des dépressions tropicales et la montée des eaux menacent leurs sites de pontes ou les détruisent. L'érosion des plages menace les nids. L'augmentation annoncée des températures influe également sur les futures générations de tortues dont le sexe est déterminé par la chaleur.
La multiplication et fréquences des catastrophes naturelles sous les tropiques ces dernières années sont bien réelles. Le réchauffement climatique accentue les phénomènes de cyclones, dépressions tropicales qui ont pour conséquences de submerger les îles et atolls comme en Polynésie. Ces atolls ne sont pas à plus d'1. 50 à 2 m au dessus du niveau de la mer. Les fortes houles et autres montées des eaux ont vite fait de submerger et détruire une plage. Nous en avons été témoins en 2010 à Bora Bora avec le cyclone Oli qui avait fait beaucoup de dégâts en Polynésie. Notons que le cyclone ravage aussi bien en surface que sous l'eau! Les barrières récifales sont littéralement balayées, laissant un paysage de désolation sous-marin... Tout ces phénomènes climatiques ont donc des conséquences sur la vie des tortues marines. Tout d'abord, la disparition ou destruction de leurs sites de pontes par submersion et/ ou par l'érosion.
Les experts climatiques annoncent un réchauffement des températures qui aura également un impact sur les futures populations de tortues marines dans le monde. En effet, comme le sexe chez ces reptiles est déterminé par la chaleur, il risque d'y avoir de fortes disparités sur les populations de mâles et femelles.
Photos (S. Goutenègre): Lagons et motu en Polynésie à la merci de la montée des eaux.
Passage du cyclone Oli à Bora Bora en 2010, avec submersion des plages et destruction des coraux.
Les océans et les forêts sont les deux poumons de notre planète! Les impacts humains sur les océans se font de plus en plus sentir, menaçant un grand nombre d'espèces marines. Les tortues et les cétacés en sont les premières victimes : les plastiques (notamment les micros plastiques) ayant envahi leurs habitats. La pêche accidentelle tue des millions d'animaux par an, l'acidité et le réchauffement des océans tue les coraux, le braconnage décime des populations de tortues, les collisions de bateaux tuent des milliers d'animaux, les hausses du niveau des mers menacent les sites de pontes de tortues...
Ensemble, renversons la tendance!