Les flamants rose
Ces élégants migrateurs à la couleur unique.
Un oiseau flamboyant!
La principale menace: la disparition des zones humides...
Les six espèces
Anatomie du flamant rose
Cet échassier unique en son genre est un condensé de la cigogne, du héron et des oies! La nature l'a doté d'un équipement adapté à son milieu. Et pour trouver sa nourriture, un bec unique, à la façon d'une baleine !
Les pattes
Cet oiseau élancé, possède deux longues et fines pattes afin de pouvoir chercher sa nourriture à une certaine profondeur d'eau. L'articulation des "genoux" est inversée afin de lui permettre une meilleure propulsion pendant sa course lors de son envol et afin d'amortir les chocs à l'atterrissage. Il est équipé de pieds palmés, de quatre doigts, qui lui permettent de trouver sa nourriture en piétinant la vase. Ces pieds palmés lui permettent également de tasser la boue lors de la construction de son nid. Les flamants dorment dans l'eau sur une patte ou même couchés sur la terre ferme. Les juvéniles ont les pattes grises, les adultes roses.
Photos : Grands flamants et flamants des Caraïbes
S. Goutenègre, JC Rivas
Le cou
Long de près de 90 cm chez les mâles, le cou des flamants est très souple. Il leur permet de plonger la tête dans des eaux assez profondes pour filtrer la vase avec leur bec. Le cou leur sert également de balancier de par sa taille disproportionnée comparé au reste du corps. Lors des parades nuptiales, plusieurs postures du cou sont décrites, notamment lors d’agressivité. Quand le flamant dort, il a la capacité de retourner complètement son cou vers l'arrière pour enfouir sa tête dans les plumes du dos. En vol, le cou et les pattes du flamant sont étirés à l'horizontale.
Photos : JC Rivas/ S. Goutenègre
Les ailes
Les flamants sont équipés de larges et longues ailes afin de les porter sur de longues distances lors de leur migration. Capables de voler à près de 60 km/h, leurs puissantes rémiges au bout noir se régénèrent lors de la mue. Pendant la parade nuptiale, plusieurs postures utilisant leurs ailes sont décrites. Lors des bains, les flamants utilisent leurs grandes ailes pour humidifier tout leur plumage.
Photos : JC Rivas. Grands flamants au marais d'Orx, dans les Landes.
Les plumes
Nous pouvons classer les plumes des flamants en trois catégories :
Les plumes courtes/duvet de la tête et du cou, très serrées, qui permettent une bonne imperméabilité lorsque que le flamant a la tête dans l'eau. Les rémiges des ailes, longues et puissantes. Les plumes du dos, souples et longues, qu'ils ébouriffent lors des parades nuptiales et dans lesquelles ils enfouissent leur tête pour dormir. Les poussins naissent recouverts d'un duvet blanc, le plumage adulte complet intervient vers l'âge de 3 ans.
Photos : Flamants des Caraïbes. S. Goutenègre
Un bec unique!
Ces oiseaux à l'allure unique, ont également un bec unique!
Ils possèdent un outil de filtration des plus efficaces! Les flamants passent une très large partie de la journée à la recherche de leur nourriture dans des lacs, delta et marais d'eaux saumâtres et salées. Leur bec en forme de chistera de pelote basque, est formé d'une mandibule inférieure et supérieure dentelée. L'eau passant à travers ces "petites dents" est filtrée à la façon d'une baleine avec ses fanons (voir le schéma). Le flamant claque constamment sa langue, qui est elle même recouvert de petits poils à sa surface, afin de filtrer et avaler les nutriments tout en rejetant le surplus d'eau par le bec.
Ils sont capables de plonger la tête entière sous l'eau pour trouver la nourriture plus en profondeur.
A leur naissance, les poussins ont le bec droit. Il commencera à s'incurver au bout de quelques mois.
Outre pour se nourrir, le bec a notamment pour fonction le toilettage. Les flamants prennent de longs moments pour entretenir leur plumage à l'aide de leur bec, ils lissent leurs plumes.
Le bec sert aussi à la construction du nid. Les mâles et femelles vont prendre de la boue argileuse et salée dans leur bec, qu'ils vont malaxer et régurgiter pour former un dôme assez haut.
Photos: S. Goutenègre/ JC. Rivas
Illustration bec: Nicolas Primola
Flamants de Cuba se nourrissant. Vidéo: S. Goutenègre
Une vie en colonie...
Les flamants rose sont des oiseaux grégaires, dont la vie sociale est assez intense. Ces oiseaux ont une très longue espérance de vie, pouvant aller jusqu'à 60 ans en captivité. Toute leur vie, ils entretiennent des liens sociaux fort avec leur groupe.
Les couples se font et se défont chaque année, ce qui laisse place à une parade nuptiale plutôt impressionnante. Les uns et les autres se jaugent en rentrant dans un ballet composé de mouvements de têtes latéraux accompagnés de vocalises plutôt bruyantes. Des postures du cou, des ailes, ainsi que des courses poursuites sont décrites pour se faire le plus beau et le plus fort. Les mâles ont tendance à faire les beaux, se grandissant et marchant d'un air très supérieur et précieux... Quelques chamailleries interviennent mais sans grande méchanceté. Il est très difficile de différencier le mâle de la femelle, quoique Mr peut être un peu plus grand, mais pas tous. Il y a des reproducteurs et d'autres non.
Les flamants rose atteignent leur maturité sexuelle vers l'âge de 3/4 ans, ils arboreront alors leur livrée rose définitive.
Lors de la ponte, les femelles et les mâles vont fabriquer leur nid très proche les uns des autres, un peu comme une pouponnière. Le nid est composé de boue argileuse, en forme de dôme au sommet creux, haut d'une 50aine de centimètres. La femelle pondra 1 œuf unique et le couvera à tour de rôle avec le mâle durant 31 jours. Il est avéré que des couples homosexuels se forment, pouvant même nourrir des poussins d'autres couples.
Les poussins quant à eux, naissent recouverts d'un duvet blanc, avec des pattes rose assez disproportionnées. Leur bec est droit. Ils sont nourris par les parents d'un riche concentré. En grandissant, ils deviennent gris avec quelques rémiges qui apparaissent au bout de quelques mois. Le bec commence alors à s'incurver afin de commencer à manger par lui même et filtrer l'eau.
Les colonies de flamants peuvent être très larges, jusqu'à 500 individus! Certains d'entre eux quittent la colonie pour en faire une autre. Les flamants sont assez fidèles à leurs lieux d'hivernage, mais également sur les sites où ils sont résidents, comme en Camargue par exemple. Ils ont en règle générale une migration côtière et vol en rang serré, cou et pattes tendus.
Photos: S. Goutenègre/ JC Rivas. Grands flamants, Flamants de Cuba au nid, groupe de flamants du Chili.
L'eau, un élément vital pour les flamants.
Les zones humides sont des zones tampons qui accueillent une faune aviaire considérable. Les flamants en dépendent pour leur survie. Ils y trouvent leur nourriture, s'y reproduisent et sont des lieux d'échanges sociaux. Les flamants vivent sur des lacs salés, marais, deltas et lagunes où ils se retrouvent en grandes colonies de plus de 500 oiseaux. Le changement climatique bouleverse ces écosystèmes dans les deux sens. Certaines espèces doivent migrer vers d'autres contrées suite à la sécheresse et la disparition de certaines de ces zones. Quand d'autres au contraire n'ont plus le besoin de migrer car les températures et les ressources en nourriture leur conviennent. A contrario, les flamants ne sont pas spécialement fidèles à leurs zones de nourriture, ni même à leur colonie, qu'ils peuvent quitter. Certains groupes sont sédentaires quand d'autres ne le sont pas.
Photos : Grands flamants au marais d'Orx, Landes. S. Goutenègre/ J-C Rivas.
Vidéo1 : Les flamants adorent se baigner, cela est nécessaire pour l'entretien de leur plumage.
Ici des flamants des Caraïbes. S. Goutenègre/ MNHN
Vidéo2: Groupe de grands flamants au marais d'Orx, Landes. S. Goutenègre
Coloniser de nouveaux espaces!
Les flamants forment de larges colonies qui les poussent parfois, à coloniser de nouveaux espaces. C'est le cas dans le Sud Ouest de la France, au marais d'Orx, dans les Landes. Des flamants jusqu'alors jamais référencés
dans la région, se sont implantés depuis 2021. L'association suit cette colonie.
Population du marais d'Orx,
dans les Landes
En Septembre 2021, l'association, conjointement avec les agents du marais d'Orx, constate l'arrivée d'un groupe de 21 jeunes flamants rose, non bagués et jusqu'à présent jamais référencés dans la région. C'est une grande première pour le marais qui accueille pourtant déjà un large panel d'espèces, soit 250 espèces d'oiseaux, comme des aigrettes, hérons, cigognes, spatules, cormorans... Nous proposons notre collaboration et notre expertise professionnelle sur les flamants à la réserve.
Le marais, autrefois asséché, exploité et géré, se divise en 3 parties. Le site appartenant aujourd’hui au Conservatoire du littoral, est redevenu sauvage, pour le plus grand bonheur des ornithologues amateurs comme professionnels.
Ce groupe de flamants juvéniles âgés de moins de 3 ans environ, est accompagné par un unique adulte. On sait que les flamants juvéniles sont élevés en crèche, gardés par quelques adultes. Ils se sont implantés dans la partie la moins profonde du marais et semble s'y plaire. Nous ne savions pas si ils avaient l'intention de faire escale ou de poser leurs valises. Ils y ont finalement passés l'hiver et sont toujours présents à ce jour !
Le niveau du marais étant contrôlé par les agents du site, un flux d'eau constant permet aux flamants d'y trouver leur nourriture. Nous avons pu constater certaines interactions avec des spatules.
Il semble que les flamants soient indifférents à la présence des visiteurs. Les plateformes d'observations aménagées par la réserve, permettent tout de même de les préserver de la présence humaines.
Le site semble convenir à ce groupe qui aurait tendance à s'implanter durablement. Reste à voir si à l'avenir, ils migreront ou seront sédentaires. Le réchauffement climatique, notamment avec des hivers plus doux, pourrait expliquer que les flamants ne migrent plus vers des contrées plus chaudes.
Photos : JC Rivas/ S. Goutenègre
Vidéo : Grands flamants encore endormis, dans la brume matinale du marais d'Orx. J-C Rivas.
Vidéos de flamants au marais d'Orx, Landes
Par Jean Charles Rivas. Tous droits réservés
La grippe aviaire : une menace constante.
Une menace de plus en plus récurrente touche les différentes espèces d'oiseaux en France et en Europe ces dernières années : la grippe aviaire.
Les éleveurs de canards en ont fait l'amer expérience avec l'abattage de nombreux élevages en 2020, 2021 et 2022. La grippe aviaire est véhiculée par les différentes espèces migratrices.
Les flamants nouvellement implantés au marais d'Orx pourraient en être porteur et en succomber. Parmis les 21 individus comptabilisés à leur arrivée, un est décédé. Nous n'avons pas pu déterminer la cause du décès. Cette maladie pourrait être dévastatrice pour ce fragile groupe. L'année 2022 fut marquée par deux vagues succéssives de grippe aviaire.
En général, les politiques publiques et sanitaires préconisées face à cette menace est l'abattage systématique des espèces domestiques et non la vaccination.
En captivité, comme dans les parcs zoologiques, les oiseaux rares et menacés sont vaccinés contre la grippe aviaire.
Photos : - Groupe de grands flamants au marais d'Orx, Landes. S. Goutenegre
- Flamants décédés du botulisme en Iran. Mehdi Bohebi
Pourquoi élever ces espèces en captivité?
Voici les raisons pour lesquelles il est parfois nécessaire d'élever certaines espèces !
01
Les parents ne couvent pas.
Un couple n'est pas forcément reproducteur, il faut attendre plusieurs années. Il n'est pas rare que certains parents ne couvent pas leurs œufs, notamment en captivité. Il faut alors les prélever pour les incuber artificiellement.
02
Eviter la prédation des oeufs.
En captivité comme en milieu sauvage, les oeufs sont convoités par les prédateurs comme les rats ou les renards. Il faut alors prélever les œufs pour les sauver et les incuber artificiellement.
03
L'espèce est en danger ou éteinte in situ.
Aujourd'hui beaucoup d'espèces d'oiseaux sont menacées d'extinction. La participation à des programmes d'élevage permet de maintenir en captivité une population génétiquement viable. L'exemple du ara de Spix ou du faisan d'Edwards éteints in situ.
04
Participer à des programmes de réintroduction.
Les espèces les plus menacées et précieuses font parfois l'objet de réintroduction dans leur milieu. Ce qui a permis de sauver le vautour fauve en France, le condor aux Etats-Unis et le ara de Spix au Brésil.
L'élevage du groupe, préparation à la nidification.
Lorsque que la saison des amours approche, le groupe est en ébullition. Les parades et leurs danses synchronisées démarrent. Il nous faut alors leur préparer le nécessaire pour leur nid (mélange de terre, tourbe, sel, gravillons). Une fois accouplés, les parents vont confectionner un nid de boue en forme de dôme creux où la femelle déposera un œuf unique! Les deux parents couvent à tour de rôle... ou pas. C'est là que nous intervenons si il y a notamment un risque de prédation des œufs!
Photo : Les parents couvent leur oeuf unique! Flamants de Cuba.
S. Goutenègre/ MNHN
Mise en incubation artificielle.
L'oeuf est désinfecté, pesé puis mis en incubation artificielle ou un suivi journalier nous indiquera si il y a un début de développement embryonaire, grâce au mirage. Le maintien des paramètres hydrométriques est primordiale pour le bon développement de l'embryon. La manipulation des oeufs doit être très délicate au risque de tuer l'embryon.
Photo / vidéo : Mirage et pesée de l'oeuf.
Sur la vidéo, l'on peut voir le bec du poussin bouger, toute l'équipe le stimule car il entend à traver la coquille!
A. Magnier./MNHN
La naissance... le jour J!
Après 28 à 31 jours précis d'incubation, nous pouvons déterminer la date exacte de naissance du petit flamant. Il est souvent à l'heure! Il va commencer à bécher (percer sa coquille), ce qui est très énergivore pour le poussin. Cela peut lui prendre entre 12h à 24h! Nous sommes là pour le stimuler, afin de veiller à ce qu'il ne s'asphyxie pas. Il naît encore humide avec du duvet blanc. Il faut alors le laisser en couveuse bien au chaud!
Photo : Le poussin sort de l’œuf, il est stimulé, puis nourrit par Aurélie. A. Magnier/ MNHN
Elevage du jeune
Le jeune flamant sera élevé avec d'autres petits flamants, comme dans la nature, où ils sont élevés en crèche. Nourris plusieurs fois par jours, on sera particulièrement attentif à la prise de poids et à leurs pattes qu'il faudra stimuler pour un bon développement. Au bout de plusieurs semaines, ils commenceront à sortir. et leur bec va commencer à s'incurver. Une autre étape délicate sera de les réintégrer dans leur groupe, avec leur parents, vers l'âge de 2 à 3 mois quand ils pourront se nourrir seuls. Ils sont encore gris, leur livrée rosé arrivera progressivement en quelques mois.
Photo : élevage de jeunes flamants. A. Magnier/ MNHN
Allô Docteur!
Les flamants ont une longue espérance de vie mais ne sont pas à l'abris de diverses pathologies.
Dr Pierre Huberdeau, spécialisé en faune sauvage au MNHN, a eu l'occasions de pratiquer divers examens et chirurgies sur des flamants blessés, voir des autopsies. En captivité, les installations des laboratoires vétérinaires permettent de poser un diagnostique assez rapide grâce à des équipements à la pointe de la technologie : radiographie, échographie, endoscopie, examen sanguin, copro, examen ophtalmo...
Les flamants étant particulièrement fragiles des pattes, des soins fréquents des pieds sont pratiqués en hiver. Des facteurs externes peuvent intervenir comme la prédation. Ce fut le cas, une nuit de novembre 2020, avec l'attaque d'un renard sur le groupe de flamants de la Ménagerie du jardin des plantes. Plusieurs oiseaux furent tués et quelques uns blessés. Un individu avec plusieurs blessures au thorax et au croupion, fracture d'une côte, hémorragie interne, fut sauvé alors que son pronostic vital était engagé. Après plusieurs chirurgies et anesthésies de contrôles, s'en est suivie une longue convalescence isolé de son groupe. Malgré une perte de poids non négligeable de 400 gr (pour un poids total de 2,3 kg), son état s'est amélioré après six semaines de soins. Il a pu réintégrer son groupe au bout de 2 mois!
Le groupe de flamants est régulièrement vacciné contre la grippe aviaire, déparasité et rémigés. Des soins leurs sont apportés en hiver sur leur pieds qui peuvent présenter des gerçures et engendrer des boiteries.
Bref , Docteur et les équipes de soigneurs ne chôment pas!!!
Photos : Radio d'une patte sur un jeune flamant. S. Goutenègre/ MNHN
Une équipe dévouée !
Nos membres actifs ont une expertise professionnelle au sein du MNHN sur les flamants depuis de nombreuses années. Que ce soit pour l'élevage, l'incubation et les soins vétérinaires, ils sont au chevet des flamants pour leur bien être. Nous sommes également membres du groupe Flamingo Specialist Group pour l'UICN.
24 avril, Journée
internationale du
flamant rose
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